Les Géants de la montagne

Pourquoi nous retrouvons-nous autour d’une table pour lire à voix haute une histoire ? Que venons-nous chercher dans une salle de théâtre, les uns avec les autres ? D’où vient cette magie que nous invoquons et dont nous avons tant besoin ?
J’aimerais que la lecture de cette pièce inachevée de Pirandello, sa dernière, ressemble à un rituel qui laisserait surgir les fantômes de nos imaginaires. J’aimerais que cette lecture soit l’occasion de plonger ensemble dans l’exploration de la pièce comme s’il s’agissait d’un premier jour de répétition, lorsque nous nous retrouvons, à la table, et partageons nos sensations et nos questionnements. Ce premier jour, quand nous ne savons pas et espérons que quelque chose se produise – oui mais quoi ? J’aimerais laisser voir, très clairement, ce moment imperceptible où l’acteur bascule dans la transe puis en ressort légèrement hébété. J’aimerais que le spectateur participe à cette exploration en se sentant immergé au cœur de nos discussions autour de la lecture.
Ainsi peut-être approcherons-nous l’esprit de cet auteur, qui donna à voir à plusieurs reprises l’incroyable beauté et la rudesse du travail d’artisan du théâtre, l’humour, la gaucherie et la soif de poésie qui nous habite tous, acteurs, techniciens et spectateurs. Ainsi peut-être verrons-nous des montagnes, des géants, des lumières vertes et des pantins, ensemble. Qui sait ? »

Marina Hands