Colette à la première personne

« L’Envers du music-hall » de Colette, conception et interprétation Danièle Lebrun. Du 28 mars au 19 avril 2020, Studio-Théâtre.

PAR DANIÈLE LEBRUN

« Singulis » c’est être seul en scène. Toutes les options sont permises. Mon métier est de traduire des auteurs à travers les personnages qu’ils ont écrits. Donc, pour moi, pas de one woman show où je parlerais de moi d’une façon ou d’une autre. Aller chercher des pièces déjà écrites à un seul personnage ? II y en a très peu et toutes ont été multiplement reprises. C’est encore non. La solution s’est imposée : celle d’inscrire mon affaire dans un courant dont je crois qu’il a été initié par Vitez à Avignon il y a une quarantaine d’années, à travers une représentation – qu’il appelait lui-même « théâtre-récit » – du roman d’Aragon Les Cloches de Bâle. Théâtraliser un texte qui n’ est pas fait pour ça en en respectant au mieux la lettre. L’ aventure m’ est déjà arrivée il y a vingt ans en Suisse à travers le Senso de Boïto. Celui-là même dont Visconti a réussi une adaptation cinématographique mémorable. Travail difficile, mais au moins Senso était-il un récit linéaire à la troisième personne avec début, crise et solution, le tout faisant croître le suspens et l’intérêt.
L’Envers du music-hall de Colette, sur lequel j’ai finalement choisi de travailler, c’est une toute autre affaire : un arlequin de textes juxtaposés, contrastés jusqu’à en être contradictoires – mais surtout des histoires auxquelles Colette elle-même participe à la première personne du singulier, qu’elle se taise ou qu’ elle parle. De multiples personnages esquissés ou approfondis dans des répliques explicites ou suggérées, le tout bien entendu sans jamais renoncer à ce privilège propre du roman, c’est-à-dire le droit qu’a l’auteur de se raconter et de se commenter, lui, aussi longuement qu’il le souhaite.

J’ai donc eu cette fois à faire avec Colette. À la fois personne et personnage.

D’habitude, sur la scène, l’auteur est implicite. Ce sont ses personnages qui jouent au public. Libre à celui-ci d’inférer à partir de ce qui se passe sur les planches si l’auteur a du talent ou non. Ici, tout se mélange puisque Colette, l’auteure, parle et que c’est souvent Colette, la comédienne, qui est en scène.
Comment jouer les deux ? Et comment jouer tous les autres dans leur diversité ? J’ai cherché et j’y ai pris du plaisir comme à ces Exercices de style de Queneau que j’ai, en leur temps, beaucoup pratiqués. Mais ce que j’espère avant tout, c’est que pour le public émerge de la représentation ce qui m’a moi-même fascinée. Une Colette différente de celle un peu convenue des manuels, une Colette femme pour qui la quarantaine approche, une Colette sûre de son talent et de son écriture, mais aussi une Colette implacable pour elle-même. Et pour les autres. Pourtant une Colette sensible et pleine de compassion.
Cette contradiction-là, je n’ai pas cherché à la résoudre.

visuel01-actualites-lenversdumusichall1920

Photographie © Vincent Pontet

02 March 2020

L'Envers du music-hall

  • Lunettes connectées disponibles à la Salle Richelieu

  • Shop

ATTENTION

Ouverture des réservations pour les représentations du mois de juillet Salle Richelieu :

  • MER 20 MARS à partir de 11h

VIGIPIRATE

En raison du renforcement des mesures de sécurité dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.

Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.

vigipirate-urgenceattentat2