Un répertoire en numéros : les spectacles évènements à la Comédie-Française
Le spectacle Mais quelle Comédie ! a été conçu par Serge Bagdassarian et Marina Hands, à la demande d’Éric Ruf, pour pallier dans l’urgence une difficulté de programmation, en temps de crise. Telle une comédie musicale, le spectacle se compose de numéros musicaux, exploitant les talents multiples de la Troupe. La Comédie-Française est familière de ce type de spectacles assemblés qui font évènement, par leur originalité et par le pas de côté qu’ils autorisent à des comédiens rompus au théâtre de texte. Ils sont aussi l’occasion, bien des fois, de faire entrer sur le plateau de la Salle Richelieu des invités de marque : acteurs d’autres troupes, vedettes du cinéma, chanteurs et danseurs d’opéra. Ce répertoire en numéros est donc foisonnant et à chaque fois unique, fonction des circonstances que l’on pourrait répartir en trois catégories : des représentations qui se mettent au service d’une personne ou d’une cause pour lever des fonds, celles destinées à gérer une période de crise de plus ou moins longue durée, enfin celles qui célèbrent un évènement institutionnel ou national. Il n’est pas rare que plusieurs de ces motifs se superposent.
Les soirées dites « à bénéfice » sont très souvent composées de numéros alternant, morceaux musicaux, de la danse, avec des extraits de pièces ou des pièces entières. Les bénéfices peuvent être organisés pour un comédien qui prend sa retraite (accordée par le décret de Moscou de 1812 à tout sociétaire ayant trente années de service) et conserve tout ou partie de la recette de la soirée. L’une des plus mémorables est sans doute celle de Béatrice Bretty qui, le 11 décembre 1959, voit se succéder les plus grandes stars du moment, du milieu cinématographique (Charlie Chaplin, Marlène Dietrich), théâtral (Sir Laurence Olivier), musical (les Frères Jacques, Gilbert Bécaud, Colette Renard), ainsi que des scènes du répertoire favori de l’actrice invitée à faire ses adieux.
Les spectacles à bénéfice peuvent aussi servir à des opérations caritatives ; ils sont alors donnés à la Comédie-Française, à l’Opéra, ou sur d’autres théâtres. Toutes les troupes rassemblent alors leurs forces et leurs talents pour des causes prioritaires qui font l’unanimité. Le 19 mai 1896 a ainsi lieu, à l’Opéra, un gala donné au profit de l’Œuvre des Ambulances urbaines et des Victimes de la disette en Russie. Les comédies-ballets de Molière font un programme de choix qui valorise à la fois la troupe du Français et celle de l’Opéra, auxquelles s’ajoutent quelques stars : Sarah Bernhardt dans Phèdre, Coquelin aîné dans un monologue. Une tombola est organisée dans la soirée, attribuant au gagnant une toile peinte de M. Chatran représentant une allégorie des Ambulances. En période de guerre, les œuvres sont encouragées par les autorités politiques et militaires qui les honorent souvent de leur présence, comme l’Œuvre pour le Front du 17 janvier 1915, donnée en présence du Président de la République et du ministre de la Guerre ; la soirée commence par les hymnes des forces alliées (hymnes nationaux belges, anglais, russe, serbe, monténégrin, japonais, ainsi que La Marseillaise) interprétés par les comédiens, des chanteurs de l’Opéra et de l’Opéra-Comique. Les soirées destinées à alimenter les caisses de la Maison de retraite de Pont-aux-dames (fondation Constant Coquelin destinée aux artistes) sont particulièrement prisées par le public et soignées par les artistes de tous bords : en 1932 et en 1934, les comédiens organisent même un Bal à la Comédie-Française avec danses, pavane Louis XIV, ballets, défilés de sociétaires en costumes de Molière, quadrille du Moulin-Rouge. L’industrie du cinéma, le cabaret et le théâtre s’associent alors pour donner tout le lustre nécessaire à cette levée de fonds.
Ces types de spectacles peuvent se cumuler sur des périodes plus ou moins longues, en période de crise, en faveur de diverses communautés nécessiteuses. Pendant la guerre de 1870, le théâtre reste fermé du 8 septembre au 25 octobre. Cette interruption est suivie d’une série de représentations, jusqu’au 15 décembre, cumulant fragments de pièces, poèmes et chansons (au premier rang desquelles on trouve La Marseillaise), sous le nom de « Matinées dramatiques et littéraires », au Bénéfice des Victimes de la guerre, de la Souscription de la Ville de Châteaudun, pour l’Œuvre des blessés militaires du 1er arrondissement, pour l’Ambulance des Sœurs de France, pour l’Œuvre des canons de la Garde Nationale, etc. Les soirées « composées » parfois d’actes de plusieurs pièces différentes résolvent les problèmes de distribution qu’occasionnent ces périodes troubles (difficulté des comédiens à se déplacer ou appel sous les drapeaux de certains artistes). La Troupe participe à l’effort national à la mesure de son talent et renonce à tout profit.
Les représentations gratuites sont souvent l’occasion de jouer « en numéros », ou du moins, d’augmenter la représentation habituelle de quelques bonus. Ainsi celles données pour le 14 juillet, fête nationale depuis 1880, sont souvent agrémentées de poésies, de morceaux patriotiques et de la traditionnelle Marseillaise, comme pour la plupart des séances gratuites qui doivent faire figure d’exception par leur dimension nationale et par l’originalité de leur programmation.
Mais c’est aussi le cas des anniversaires des grands auteurs du répertoire, régulièrement célébrés : Molière, Racine, Corneille, Hugo, Musset, se voient dédier des hommages et poèmes qui ponctuent les représentations.
Les spectacles musicaux sont particulièrement propices à la conception de spectacles en numéros. La formule des « cabarets » a désormais fait ses preuves à la Comédie-Française, qu’ils soient consacrés à un compositeur-interprète (Vian, Barbara, Brassens, Ferré…) ou à une thématique (L’Interlope, Le Cabaret des mers, Paris-Cabaret, etc.). La dramaturgie et la scénarisation des enchainements s’introduit naturellement dans ces propositions de comédiens, comme dans les dernières propositions Comme une pierre qui…, Les Serge ou encore dans ce nouveau spectacle Mais quelle Comédie !
Agathe Sanjuan, conservatrice-archiviste de la Comédie-Française
Novembre 2020
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En raison des mesures de sécurité renforcées dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.
Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur ou spectatrice se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.