Jules César, de William Shakespeare. Mise en scène Rodolphe Dana. Théâtre du Vieux-Colombier du 20 septembre au 3 novembre 2019.
Parvenu au sommet du pouvoir qu’il avait concentré entre ses mains, César est assassiné sur le lieu de son exercice, en pleine réunion du Sénat. Cet épisode qui inspira Shakespeare ne peut, à travers les années, que nourrir des métaphores et comparaisons avec les hommes politiques contemporains. Par le truchement de l’Antiquité romaine, Shakespeare contourne ainsi la censure interdisant les sujets politiques susceptibles de critiquer le pouvoir. Les « pièces historiques » traitant de politique s’arrêtent donc prudemment au règne d’Henri VIII. Parmi les nombreuses têtes couronnées de lauriers ou de diadèmes dans le théâtre shakespearien et plus largement élisabéthain, Jules César prête ici son nom à une pièce qui marqua, de part et d’autre de la Manche, l’histoire de deux troupes historiques puisqu’elle a probablement inauguré le nouveau Théâtre du Globe en 1599 et fut jouée pour la première fois en France en 1905 par des Comédiens-Français, au Théâtre d’Orange.

Si les questions identitaires sont au cœur d’Othello (après des adaptations, mises en scène du texte de Shakespeare en 1899 puis en 1950 par Jean Meyer et en 2014 par Léonie Simaga) et du Marchand de Venise (mis en scène par Luca Ronconi en 1987 puis par Andrei Serban en 2001), Shakespeare traite surtout de l’exercice du pouvoir, de l’accès à la chute.




Le célèbre discours politique de Marc-Antoine devant la plèbe contre César rapproche Jules César de Timon d’Athènes par l’importance de la rhétorique et de Richard III (mise en scène par Terry Hands en 1972), par le renversement de la situation.


Ces manipulations politiques, abondamment attribuées à Machiavel par les contemporains de Shakespeare dont même la comédie Les Joyeuses Commères de Windsor (mises en scène par Andrés Lima en 2009) cite le nom, s’exercent souvent dans la violence. Exercé par des rois omnipotents, régicides et infanticides (Richard II, Richard III et Macbeth présentée d’abord dans des adaptations puis par Jean-Pierre Vincent en 1985), le pouvoir est de plus usurpé dans des pièces pourtant non historiques.



Celles-ci abordent, entre autres, la question du colonialisme (La Tempête, mises en scène par Daniel Mesguich en 1998 puis par Robert Carsen en 2017), de la mort (Hamlet, dont de nombreuses adaptations ont précédé les mise en scène de Shakespeare par Charles Granval en 1932, Georges Lavaudant en 1994 et Dan Jemmet en 2013), de la fratrie (Comme il vous plaira, adapté puis mis en scène par Jacques Charon en 1951 et Lluis Pasqual en 1989).






Dans le clair-obscur de ce théâtre, l’amour, par son romanesque conflit avec le pouvoir, peut de surcroît le tourner en dérision (la guerre de Troie dans Troïlus et Cressida mis en scène par Jean-Yves Ruf en 2013) et semer le chaos (la succession du royaume dans Le Roi Lear).




Il peut également anéantir le désir d’hégémonie (la survie de Rome dans Coriolan, mis en scène par Émile Fabre en 1933) voire tuer un autre grand personnage antique (Antoine dans Antoine et Cléopâtre, mis en scène par Jean-Louis Barrault en 1945), amoureux infaillible défiant sa destinée politique pour l’Orient et son irrésistible Cléopâtre.




Florence Thomas,
Archiviste documentaliste de la Comédie-Française
JANVIER - JUILLET 2026
La Salle Richelieu fermant pour des travaux le 15 janvier (rénovation de la scène et mise aux normes du bâtiment), la Troupe se produira dès le 14 janvier dans 11 lieux à Paris et à Nanterre.
Outre ses deux salles permanentes, le Théâtre du Vieux-Colombier et le Studio-Théâtre, elle aura pour point fixe le Théâtre de la Porte Saint-Martin et le Petit Saint-Martin et sera présente dans des lieux partenaires : le Théâtre du Rond-Point, l’Odéon Théâtre de l’Europe, le Théâtre Montparnasse, le Théâtre Nanterre-Amandiers, le 13e art, La Villette-Grande Halle et le Théâtre du Châtelet.
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