Theatre and caricature
La Comédie-Française, en tant qu’institution, fait les frais de la critique. Ses comédiens sont sous le feu des projecteurs, mais le fonctionnement du théâtre lui-même est décrit par le menu dans les journaux : au XIXe siècle, comme dans le première moitié du XXe siècle, certains journalistes ont leurs entrées au spectacle aussi bien que dans les couloirs de l’administration. Ils sont informés du quotidien de la vie de la Troupe, de son administrateur et des comités.
L’administrateur Jules Claretie, en fonction de 1885 à 1913, surnommé Guimauve le Conquérant par dérision – il a l’art d’esquiver habilement les problèmes et les difficultés sans les résoudre – constitue un sujet en or pour le pinceau des caricaturistes. Auteur, dramaturge, lui-même critique dramatique, il arrive à la tête du Français avec une réputation de graphomane. Il recrute une troupe brillante mais capricieuse qui ne cesse de demander des congés personnels aux dépens des intérêts de la Comédie.
Parmi les traits raillés par les dessinateurs, le fonctionnement du Comité de lecture est la cible des critiques : listes d’attente interminables pour les auteurs, demandes abusives de corrections de la part des comédiens… les caricaturistes dénoncent la pompe grandiloquente de ce Comité qui brime les auteurs plus qu’il ne les aide.
Enfin, vers la fin du XIXe siècle, certaines planches se moquent joyeusement de l’institution vue comme un « théâtre-musée » enfermé dans des rituels d’un autre temps.
FIGARO :
Que je voudrais bien tenir un de ces puissants de quatre jours, si légers sur le mal qu’ils ordonnent, quand une bonne disgrâce a cuvé son orgueil ! Je lui dirais… que les sottises imprimées n’ont d’importance qu’aux lieux où l’on en gêne le cours ; que sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ; et qu’il n’y a que les petits hommes qui redoutent les petits écrits.
(Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, acte V, scène 3)
Réquisitoire pour la liberté d’expression, cette réplique de Figaro est plus que jamais d’actualité. La liberté d’écrire et de représenter les hommes de son temps pour en dénoncer les travers avec humour n’est pas nouvelle. Un parcours dans les collections de la bibliothèque-musée nous amène à l’observer dans le Répertoire, riche en portrait-charge – Molière lui-même s’y livre abondamment (Les Précieuses ridicules, L’Avare, Le Bourgeois gentilhomme, etc.) –, mais aussi dans les collections iconographiques tirées de la presse.
La caricature théâtrale se focalise bien souvent sur le comédien, sur son jeu, ses caractéristiques physiques, son emploi, c'est-à-dire le type de rôle qu’il incarne. Ces truculents portraits plus ou moins méchants émaillent la presse au XIXe siècle, suivant le rythme des créations du Français.
Nous présentons ici à la fois des portraits de troupe, des caricatures d’emplois et des portraits individuels. Certains comédiens sont très régulièrement saisis, tels Rachel dont les images caustiques, parfois cruelles, peuvent aussi être teintées d’antisémitisme.
Les caricaturistes croquent aussi bien les caractéristiques physiques des auteurs, que leurs personnalités littéraires. Le portrait-charge se fait plus mélancolique à l’orée du XXe siècle, sous la plume de Sem, illustrateur et chroniqueur de la vie mondaine qui s’attache particulièrement à peindre les milieux littéraires et artistiques de son époque.
La caricature s’est largement développée dans la presse au XIXe siècle, avec l’expansion du lectorat, grâce à l’augmentation des tirages et à la diversité des publications, mais aussi grâce à l’invention de la lithographie, en 1796, qui propose un mode de reproduction rapide et plus libre du dessin que la traditionnelle gravure en taille-douce ou taille d’épargne. Certaines publications sont entièrement dédiées à la satire (L’Assiette au beurre, Le Charivari). Des artistes acquièrent une notoriété à la fois par la férocité et l’humour de leurs dessins.
À travers une cinquantaine d’œuvres, nous présentons ici des caricatures de certains d’entre eux dans un rapide parcours de cet univers qui reste encore largement à découvrir.
Informations pratiques
Exposition réalisée par la bibliothèque-musée de la Comédie-Française.
Location : 700 €HT/mois (envoi des 56 fichiers numériques .jpg)
Pour tout renseignement, s’adresser à Mélanie Petetin au 01 44 58 14 78
- melanie.petetin@comedie-francaise.org
Copyright à indiquer sous les reproductions : ©Coll. Comédie-Française
L’utilisation de ces images est strictement limitée à cette exposition. Toute autre utilisation nécessitera une autre demande auprès de la bibliothèque-musée de la Comédie-Française.
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