Le Voyage de G. Mastorna

Représenter l’acte de création

SI LES PERSONNAGES D'ARTISTES (peintres, sculpteurs, acteurs, auteurs) sont souvent présents dans le répertoire théâtral, l’acte de création, « l’art en train de se faire », est en revanche une thématique rare et délicate à traiter. Comment ne pas réduire un phénomène aussi complexe que varié dans ses expressions ?

Personnifier la création

Le recours à l’allégorie ou au mythe procure aux dramaturges un moyen immédiatement compréhensible d’évoquer la création. Les muses sont ainsi présentes dans les comédies à caractère allégorique du XVIIIe siècle tout comme les personnages mythiques, symboles de l’acte créateur. Pygmalion fait l’objet d’une comédie de Louis Poinsinet de Sivry (1760), d’une scène lyrique d’après le texte de Jean-Jacques Rousseau (1775), d’une pièce de Georges-Bernard Shaw (1914). Orphée est évoqué dans de nombreux opéras et pièces de théâtre, notamment La Toison d’or de Pierre Corneille (1660).
Des personnages d’invention peuvent aussi servir à cette fin, comme récemment dans la pièce de Pascal Rambert, Une vie (2017), qui s’interroge sur les origines du désir de créer.

Expérimenter la création

En dehors de ces évocations symboliques, le processus de création expérimenté sur scène s’apparente le plus souvent à une performance, au sens où on l’entend dans le domaine de l’art.
Dans le répertoire lyrique, la performance vocale – caractérisée par les morceaux de chant à la technicité et à la virtuosité remarquables – constitue à elle seule le moyen de sublimer la création ; ainsi le concours de chant qui tisse la trame du livret de Tannhäuser de Richard Wagner. Par ailleurs, la tradition du bel canto italien, comme mise en valeur des capacités vocales virtuoses des chanteurs au détriment de l’action scénique, soumet l’intrigue à la prouesse des interprètes, dans des vocalises qui se prolongent au gré de l’improvisation et peuvent s’apparenter à une performance technique, physique et artistique.

Au théâtre, la performance, qu’elle soit fictive (savamment répétée et fixée pour paraître improvisée), réelle (totalement élaborée en cours de représentation) ou partiellement réelle (improvisée sur un canevas), joue sur le caractère unique de la représentation. Elle dépeint alors la spontanéité, les errances, les repentirs tout comme les fulgurances constitutives de l’acte créateur.

Parmi les fameux exemples de « performance réelle » – malgré l’anachronisme du terme dans le cas présent – la « conférence du Vieux-Colombier » d’Antonin Artaud en 1947 dépeint parfaitement l’acte créateur « pur », la pensée en mouvement d’un artiste au crépuscule de son œuvre, qui apparaît sur scène pour la dernière fois. Sortant d’un internement psychiatrique, le corps profondément meurtri, il renoue avec un public plein d’attentes – les intellectuels parisiens qui admirent en lui un grand penseur du théâtre – mais se perd dans ses notes préparatoires, ce qui l’amène à improviser largement et finit par quitter la scène devant un public tout à la fois déconcerté et fasciné. Le texte de la conférence elle-même, reconstitué à partir des notes d’Artaud et des témoignages, deviendra lui-même une œuvre interprétée par Philippe Clévenot qui rejoue cette conférence en 1995.

À l’opposé, la performance fictive s’appuie sur un texte écrit qui fausse à dessein la perception du spectateur : dans Six personnages en quête d’auteur de Pirandello, le public croit dans un premier temps assister à une répétition avant que les personnages de la pièce n’entrent réellement sur le plateau. Cette perte de repères entre vérité et fiction semble justement constitutive de l’acte de création, comme l’établit aussi le scénario de Federico Fellini pour Le Voyage de G. Mastorna et les rebondissements de son tournage / de cette production.

Entre ces deux conceptions s’inscrivent les entreprises d’improvisations semi-dirigées comme le spectacle du collectif tg STAN, DE KOE et DISCORDIA, Paroles, pas de rôles / vaudeville joué au Théâtre du Vieux-Colombier en 2010 ou encore en 2018, le spectacle du Birgit Ensemble Les Oubliés (Alger-Paris).

  • Visuel : Six personnages en quête d'auteur de Luigi Pirandello, mise en scène d'Antoine Bourseiller, 1978 – photo. Claude Angelini, coll. CF
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    la saison 25-26

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    Lunettes connectées disponibles à la Salle Richelieu

Les guichets et le service de location par téléphone sont fermés jusqu’au mardi 2 septembre 2025 inclus.

Réouverture le mercredi 3 septembre 2025 à 11h


JOURNÉES DU PATRIMOINE

La Comédie-Française participe aux journées du Patrimoine les samedi 20 et dimanche 21 septembre 2025.

Trois visites-conférences sont proposées ces deux jours à 9H30 /10H et 10H30.

L’inscription à l’une de ses visites (3 places maximum par personne) se fait uniquement par mail, le 4 septembre 2024 à partir de 8H.

L’adresse électronique sera communiquée le 3 septembre. Les inscriptions se feront dans l’ordre de réception des courriels.

Le nombre de places est limitée à 30 personnes par visite.


SAISON 2025-2026

ATTENTION

NOUVELLES DATES POUR


Attention : en raison d'une forte demande, les cartes "famille" et "adulte" 2025-2026 ne sont plus disponibles.

Les réservations pour les Cartes et les Individuels se feront uniquement sur Internet et par téléphone au 01 44 58 15 15 (du lundi au samedi de 11h à 18h). Aucune place ne sera vendue aux guichets avant septembre pour la saison 2025-2026

L’ouverture des ventes pour les chèques-cadeaux 25-26 se feront en septembre 2025


VIGIPIRATE

En raison des mesures de sécurité renforcées dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.

Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur ou spectatrice se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.

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