Brecht à la Comédie-Française
En 1954, la France accueille pour la première fois, au Festival international de théâtre de Paris, le Berliner Ensemble qui présente Mère Courage. La vague brechtienne qui balaie ensuite les scènes françaises touchera la Comédie-Française en 1972 avec Antigone, adaptée à partir de la version d’Hölderlin par Brecht qui transpose l’intrigue en 1945 à Berlin, et mise en scène par Jean-Pierre Miquel à l’Odéon (alors deuxième salle de la Comédie-Française). Sur le plateau, une aire circulaire brechtienne est investie par les comédiens et comédiennes (dont Bérangère Dautun dans le rôle d’Antigone) lors de leur prise de parole.
Quelques années plus tard, lorsque Pierre Dux propose à Guy Rétoré, alors directeur du TEP, de monter une pièce à la Comédie-Française, il accepte à condition que ce soit une œuvre de Brecht. C’est donc avecMaître Puntila et son valet Matti, joué au Théâtre Marigny (1976) en raison de travaux Salle Richelieu, que l’auteur, après vote du Comité de lecture, entre au Répertoire, dans une approche fidèle à l’esprit du Berliner Ensemble, par la tonalité grise des décors et costumes et par la lenteur du jeu (Jean-Paul Roussillon et Michel Aumont dans les rôles-titres).
Un an après la chute du mur de Berlin, Antoine Vitez, convaincu de l’intérêt de monter Brecht au crépuscule du communisme, met lui-même en scène La Vie de Galilée (dont le rôle-titre est interprété par Roland Bertin). Il se reconnaît ainsi brechtien « quant à la pensée politique, avec une plus grande liberté quant à l’esthétique ». Loin de la « discontinuité épique » préconisée par l’auteur, les tableaux s’enchaînent de façon continue, dans des décors faisant référence à la Renaissance et aux années 1950.
Pour fêter le centenaire de la naissance de Brecht en 1998, Mère Courage (avec Catherine Hiegel) entre au Répertoire car, selon l’administrateur Jean-Pierre Miquel, la pièce exprime « clairement la méthode brechtienne, quant à la dramaturgie et [laisse] au spectateur le soin de réfléchir sur l’enseignement que l’on peut en tirer ». L'esthétique de l’usure et les effets de distanciation sont alors explicitement revendiqués par le metteur en scène Jorge Lavelli qui conserve intégralement la partition de Dessau, très proche selon lui du sens dramaturgique de ce texte mêlé de musique.
Les metteurs en scène français qui s’emparent d’une pièce de Brecht au XXIe siècle s’affranchissent de ces appréciations politiques et stylistiques. Laurent Pelly, metteur en scène de théâtre et d’opéra, fasciné par cette forme de théâtre musical, « au fonds politique et idéologique moins affirmé que dans d’autres pièces », choisit L’opéra de quat’sous qui entre au Répertoire en 2011. Les raisons qui amènent Éric Ruf à monter une nouvelle présentation de La Vie de Galilée en 2019 sont au service de la Troupe : la réunir et renouer le compagnonnage avec le comédien Hervé Pierre, qui fut son Peer Gynt en 2012. Si Antoine Vitez portait un regard politique sur l’Église, Éric Ruf observe surtout les formes actuelles de l’ignorance et de la révolution copernicienne, se gardant de tout anachronisme ou transposition.
Pendant cette décennie 2010, des metteuses et metteurs en scène allemands sont invités à partager avec le public de la Comédie-Française leur familiarité avec le dramaturge le plus emblématique de leur pays. Leur présence rend notamment les tournures idiomatiques, susceptibles d’éclairer le jeu, plus directement accessibles aux acteurs et actrices. En 2012, Isabel Osthues monte au Théâtre du Vieux-Colombier La Noce, pièce de jeunesse, populaire en Allemagne mais délaissée par les scènes nationales françaises. Le lien se resserre avec la venue de Katharina Thalbach, fille d’une des plus grandes actrices de Brecht et du Berliner ensemble qui a grandi avec les représentations d’Arturo Ui qu’elle fait entrer au Répertoire en 2017, portée par une musique circassienne, en résonnance avec celle de la création. Des banderoles rappelant au public les moments clés de la prise de pouvoir et un expressionisme burlesque ambiant ne laissent également aucun doute sur la paternité de l’œuvre.
Aujourd’hui, Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne met en scène une nouvelle présentation de L’Opéra de quat’sous. Contrairement à Laurent Pelly en 2011 qui transposa l’action dans l’Angleterre actuelle pour parler de son époque, comme le faisait Brecht, Thomas Ostermeier renoue avec les traditions esthétiques et politiques de la création en 1928 dans laquelle joua Ernst-Busch, comédien qui donna son nom à l’école fréquentée par le metteur en scène.
Florence Thomas, documentaliste à la bibliothèque-musée de la Comédie-Française
Visuel : Affiche 1976, Maître Puntila et son valet Matti, Théâtre Marigny
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L’adresse électronique sera communiquée le 3 septembre. Les inscriptions se feront dans l’ordre de réception des courriels.
Le nombre de places est limitée à 30 personnes par visite.
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Les réservations pour les Cartes et les Individuels se feront uniquement sur Internet et par téléphone au 01 44 58 15 15 (du lundi au samedi de 11h à 18h). Aucune place ne sera vendue aux guichets avant septembre pour la saison 2025-2026
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