LA TROUPE, TROMBINES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
LA TROUPE, TROMBINES D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
Chaque année, les « trombines » des sociétaires et des pensionnaires sont immortalisées dans le trombinoscope photographique, parfaite illustration de la devise Simul et Singulis qui, depuis les débuts de la Comédie-Française, concilie la force du collectif et la singularité de chaque comédien.
Le terme « trombinoscope » est forgé dès 1870 par le satiriste Léon Bienvenu, dit Touchatout, qui accole un suffixe optique à « trombine » pour nommer ainsi une rubrique du Journal amusant. Il n’apparait, dans les milieux de l’enseignement, du sport et de la politique, que dans les années 1940.
Bien que la Comédie-Française fonde son identité sur cette reconnaissance des individualités au sein du groupe, elle ne recourt au trombinoscope, principalement lié à des pratiques administratives, qu’en 1971. Avant cette date, les célébrations et anniversaires, tels que celui de Molière, sont autant d’occasions de réaliser des portraits collectifs et les programmes compilent les « photomatons » des comédiens (réalisés par des photographes) distribués dans la pièce.
Le trombinoscope tient depuis 1971 une place à part dans ces portraits de la Troupe. Immuable dans sa composition (la juxtaposition des photographies individuelles des comédiens dans l’ordre de leur préséance, auxquelles peut s’adjoindre celle de l’administratrice générale ou d’une comédienne auxiliaire), le trombinoscope n’est pas pour autant figé. D’abord « Singulis » avec des comédiennes et comédiens recourant aux photographes de leur choix, les portraits s’uniformisent à partir de la fin des années 1980 avec la désignation d’un seul professionnel pour la réalisation de la fameuse mosaïque. Cette évolution stylistique, de la théâtralisation de l’acteur et de l’actrice à la recherche de l’intime, révèle la diversité des chartes graphiques de la Comédie-Française.
L’exposition dans le hall du Théâtre du Vieux-Colombier confronte, pour la première fois, ces archives qui, de 1971 à aujourd’hui, nous renseignent tant sur l’histoire de la communication institutionnelle, que sur celle des comédiens avec leur public, ou des photographes désormais reconnus comme de véritables artistes.
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Exposition présentée au Théâtre du Vieux-Colombier de janvier à juillet 2025.
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Remerciements à Martine Lavaud (Université d'Artois / Textes et Cultures) pour sa communication "Simul et singulis : des trombines aux trombinoscopes de la Comédie-Française", colloque Comédie-Française / Sorbonne Université, le 25 septembre 2020.
Les trombinoscopes
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, octobre 1971. Photographes multiples
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1973. Photographes multiples
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er janvier 1976. Photographes multiples
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 15 septembre 1978. Photographes multiples
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 15 septembre 1984. Photographes multiples
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1996. Photographies de Marc Enguérand
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er juin 1999. Photographes multiples
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er juin 2002. Photographes multiples
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er décembre 2003. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er octobre 2006. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 10 juin 2007. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, juin 2008. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, mai 2009. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, saison 2010-2011. Photographies de Christophe Raynaud de Lage
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, avec objets, février 2012. Photographies de Christophe Raynaud de Lage
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, sans objets, novembre 2013. Photographies de Christophe Raynaud de Lage
Photomaton de la troupe de la Comédie-Française, saison 2013-2014
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, septembre 2015. Photographies de Stéphane Lavoué
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er février 2018. Photographies de Stéphane Lavoué
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, février 2019. Portraits de Stéphane Lavoué enluminés par Christian Lacroix
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, janvier 2020. Photographies de Stéphane Lavoué
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, septembre 2022. Photographies de Stéphane Lavoué
Trombinoscope de l’Académie de la Comédie-Française, saison 2024-2025. Photographies de Stéphane Lavoué
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, janvier 2025. Photographies de Stéphane Lavoué
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1973. Photographes multiples
Les trombinoscopes des années 70 proposent une mise en page simple : les portraits des sociétaires puis des pensionnaires avec une double mention : nom du comédien puis, entre parenthèses, nom du photographe.La diversité des photographes explique l’hétérogénéité des clichés (de la photographie d’état civil à celle de magazine) qui semblent avoir été réalisés pour un autre usage avant d’être collectés et recadrés.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er janvier 1976. Photographes multiples
67 portraits : 33 sociétaires / 34 pensionnaires / environ 40 photographes.Les photographies stylistiquement hétérogènes s’insèrent dans un cadre néanmoins classique qui reflète son fonctionnement institutionnel et les impératifs juridiques. Figurent ainsi la mention du photographe et le marquage typographique de la distinction entre sociétaires et pensionnaires.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 15 septembre 1978. Photographes multiples
L’originalité n’est pas dans la réalisation du trombinoscope mais dans la singularité même de sa pratique qui ne se limite plus aux milieux de l’enseignement, du sport et de la politique comme ce fut le cas dès les années 1940.Désormais, une institution culturelle et historique comme la Comédie-Française diffuse également celui de sa troupe.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 15 septembre 1984. Photographes multiples
Classique, le trombinoscope n’est cependant pas figé. Son format horizontal (« paysage ») est remplacé par un vertical (« portrait »).
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1996. Photographies de Marc Enguérand
Les portraits du trombinoscope de 1996 porte l’empreinte esthétique d’un photographe unique. Plus homogène, l’esthétique est aussi plus « léchée » et renforce le « simul ». La signature photographique, qui n’apparaît plus sous les portraits, n’est donc plus juridique, mais esthétique.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er juin 1999. Photographes multiples
Les trombinoscopes des années 90 présentent une évolution qui tend vers l’uniformisation des portraits : cadrage resserré, arrière-plan neutre, regards tournés vers le photographe.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er juin 2002. Photographes multiples
Les trombinoscopes sont soumis aux évolutions de la charte graphique selon le mandat de l’administrateur. De 2001 à 2006 : Marcel Bozonnet.Sur celui-ci, la distinction entre sociétaires et pensionnaires par la typographie disparaît.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er décembre 2003. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
Une signature photographique unique, un champ élargi, des corps légèrement penchés.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 1er octobre 2006. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
La distinction entre sociétaires et pensionnaires s’estompe au profit d’une répartition, toujours par ordre de préséance, mais davantage « simul ».
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, 10 juin 2007. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
Ce trombinoscope circulaire, qui n’est pas sans évoquer un plan de salle, privilégie l’information au détriment de la photographie dont la taille diminue : organisés autour de la cocarde et de la devise de la Comédie-Française, les noms des comédiens sont associés à leur statut, numéro de sociétaire, date d’entrée dans la troupe.Apparaissent, sur ce trombinoscope, les noms (seuls, sans photographie) des sociétaires honoraires.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, juin 2008. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
C. Hiegel, D. Constanza, G. Giroudon, C. Mathieu, M. Chevallier, V. Vella, C. Sauval, M. Favory, T. Hancisse, A. Kessler, I. Gardien, A. Seweryn, C. Brune, M. Robin, S. Bergé, J.-B. Malartre, E. Ruf, E. Génovèse, B. Raffaelli, C. Blanc, A. Lenglet, F. Viala, C. Zahonero, D. Podalydès, F. Gillard, A. Pavloff, C. Samie, C. de Bayser, J. Pouly, L. Stocker, P. Vial, G. Gallienne, L. Natrella, M. Vuillermoz, E. Lepoivre, N. Lormeau, R. Mollien, C. Gonon, C. Cloarec, J. Sicard, M. Marion, B. Sangaré, L. Corbery, S. Moshkin Ghalam, L. Simaga, C. Hervieu-Léger, G. Gadebois, P. Louis-Calixte, S. Bagdassarian, H. Pierre, M.-S. Ferdane, B. Jungers, S. Varupenne, A. Gamba-Gontard, G. David, J. Chemla, M. MayetteLes comédiens en costumes sont photographiés en jeu. Un trombinoscope façon carte postale colorée qui remplit l’espace avec une marge minimaliste. La photographie de l’administratrice, Muriel Mayette, est ajoutée.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, mai 2009. Photographies de Cosimo Mirco Magliocca
La version colorée et en jeu est reprise, combinée avec les versions originelles qui mentionnaient les noms des comédiens sous chaque portrait.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, saison 2010-2011. Photographies de Christophe Raynaud de Lage
D. Constanza, G. Giroudon, C. Mathieu, M. Chevallier, V. Vella, C. Sauval, M. Favory, T. Hancisse, A. Kessler, I. Gardien, A. Seweryn, C. Brune, M. Robin, S. Bergé, J.-B. Malartre, E. Ruf, E. Génovèse, B. Raffaelli, C. Blanc, A. Lenglet, F. Viala, C. Zahonero, D. Podalydès, A. Pavloff, F. Gillard, C. Samie, C. de Bayser, J. Pouly, L. Stocker, G. Gallienne, L. Natrella, M. Vuillermoz, E. Lepoivre, C. Gonon, J. Sicard, L. Corbery, L. Simaga, N. Lormeau, C. Cloarec, B. Sangaré, S. Moshkin Ghalam, C. Hervieu-Léger, G. Gadebois, P. Louis-Calixte, S. Bagdassarian, H. Pierre, M.-S. Ferdane, B. Jungers, S. Varupenne, A. Gamba-Gontard, G. David, C. Hecq, S. Brahim, G. Scalliet, N. Boudjenah, H. Surgère, A. Recoing, M. MayetteSur le modèle de la cocarde, les portraits adoptent un format circulaire qui se substitue au rectangle caractéristique du photomaton.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, avec objets, février 2012. Photographies de Christophe Raynaud de Lage
D. Constanza, G. Giroudon, C. Mathieu, M. Chevallier, V. Vella, C. Sauval, M. Favory, T. Hancisse, A. Kessler, A. Seweryn, C. Brune, S. Bergé, J.-B. Malartre, E. Ruf, E. Génovèse, B. Raffaelli, C. Blanc, A. Lenglet, F. Viala, C. Zahonero, D. Podalydès, A. Pavloff, F. Gillard, C. Samie, C. de Bayser, J. Pouly, L. Stocker, G. Gallienne, L. Natrella, M. Vuillermoz, E. Lepoivre, C. Gonon, J. Sicard, L. Corbery, L. Simaga, S. Bagdassarian, H. Pierre, N. Lormeau, B. Sangaré, C. Hervieu-Léger, P. Louis-Calixte, M.-S. Ferdane, B. Jungers, S. Varupenne, A. Gamba-Gontard, G. David, C. Hecq, S. Brahim, G. Scalliet, N. Boudjenah, A. Recoing, F. Juttner, J.-M. Parmentier, P. Niney, J. Lopez, A. d’Hermy, D. Lebrun, J. Decker, E. Jenicot, L. Lafitte, M. MayettePour la réalisation de ce trombinoscope, il a été demandé aux comédiens de choisir un objet dans le fonds des accessoires et des costumes de la Comédie-Française. Libre à chacun de nous d’imaginer l’histoire de cet objet sur scène et de ce qu’il raconte pour celui ou celle qui l’a choisi.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, sans objets, novembre 2013. Photographies de Christophe Raynaud de Lage
Version sans accessoire du trombinoscope de la saison précédente.
Photomaton de la troupe de la Comédie-Française, saison 2013-2014
D. Constanza, G. Giroudon, C. Mathieu, M. Chevallier, V. Vella, C. Sauval, M. Favory, T. Hancisse, A. Kessler, C. Brune, S. Bergé, E. Ruf, E. Génovèse, B. Raffaelli, C. Blanc, A. Lenglet, F. Viala, C. Zahonero, D. Podalydès, A. Pavloff, F. Gillard, C. Samie, C. de Bayser, J. Pouly, L. Stocker, G. Gallienne, L. Natrella, M. Vuillermoz, E. Lepoivre, C. Gonon, J. Sicard, L. Corbery, L. Simaga, S. Bagdassarian, H. Pierre, B. Sangaré, P. Louis-Calixte, C. Hecq, N. Lormeau, C. Hervieu-Léger, B. Jungers, S. Varupenne, G. David, S. Brahim, G. Scalliet, N. Boudjenah, F. Juttner, P. Niney, J. Lopez, A. d’Hermy, D. Lebrun, J. Decker, E. Jenicot, L. Lafitte, M. Malenfant, S. Labarthe, L. Arene, B. Lavernhe, P. Hancisse, S. Pouderoux, N. MorgenszternExceptionnellement, pour la saison 2012-2013, le portrait des comédiennes et comédiens s’affranchit du regard d’un photographe. Chacun et chacune se met en scène dans la cabine d’un photomaton, de façon ludique, étant ainsi à la fois sujet photographique et photographe qui déclenche la prise de vue. Le carcan sériel des quatre poses du photomaton construit le trombinoscope d’eux-mêmes.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, septembre 2015. Photographies de Stéphane Lavoué
Stéphane Lavoué débute sa collaboration avec la Comédie-Française en 2015, au début du mandat d’Éric Ruf. Le trombinoscope se charge de matière, et devient un objet plastique.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, février 2019. Portraits de Stéphane Lavoué enluminés par Christian Lacroix
En 2019, les portraits de Stéphane Lavoué sont enluminés par Christian Lacroix, couturier et costumier qui collabore régulièrement avec la Comédie-Française. Ce trombinoscope n’est pas fonctionnel mais artistique, muséographique. Il a évolué dans sa fonction (non plus outil d’identification du metteur en scène mais objet d’art), dans ses supports (non plus photographie panoramique ou support médiatique, mais tableau), dans son rapport au statut du photographe, artiste pleinement reconnu.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, janvier 2020. Photographies de Stéphane Lavoué
Les photographies sur fond noir reprennent celles de 2015 mais sont redistribuées, selon les départs, arrivées et accessions au sociétariat. Cependant, la répartition entre sociétaires et pensionnaires est à nouveau explicite visuellement et le portrait d’un artiste auxiliaire, disparu depuis 1996, refait son apparition.
Trombinoscope de la troupe de la Comédie-Française, septembre 2022. Photographies de Stéphane Lavoué
Depuis 2022, Stéphane Lavoué photographie la troupe les épaules nues, faisant ainsi audacieusement jaillir les visages expressifs de chaque membre de la troupe. Le trombinoscope se renouvelle et continue, avec ce geste artistique assumé, de s’affranchir du modèle administratif.
Trombinoscope de l’Académie de la Comédie-Française, saison 2024-2025. Photographies de Stéphane Lavoué
Fondée en 2009, l’académie de la Comédie-Française accueille chaque saison dix jeunes issus d’écoles supérieures et d’universités d’art. Ces artistes poursuivent leur formation au cœur de la Maison. L’Académie offre à ces jeunes une expérience pratique unique aux côtés de la Troupe et des équipes, des tuteurs et tutrices liés à leur activité, cela sous la direction des artistes invités.Depuis la saison 2011-2012, ils passent aussi, avec les pensionnaires et sociétaires, devant l’objectif du photographe chargé de réaliser le trombinoscope de la troupe.
Informations pratiques
Exposition réalisée au Théâtre du Vieux-Colombier par la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française au cours de la saison 2024-2025.
Pour tout renseignement, s’adresser à : Mélanie Petetin au 01 44 58 14 78 –
melanie.petetin@comedie-francaise.org
Copyright pour toutes les reproductions : ©Coll. Comédie-Française
L’utilisation de ces images est strictement limitée à cette exposition. Toute autre utilisation nécessitera une autre demande auprès de la bibliothèque-musée de la Comédie-Française.
