Alcools d'Apollinaire

Dans la lignée de l’enregistrement de l’intégrale des « Fables » de La Fontaine et d'« À la recherche du temps perdu » de Proust, c’est au tour d’« Alcools » de Guillaume Apollinaire, des « Fleurs du mal » de Charles Baudelaire et des « Contemplations » de Victor Hugo, d’être lus par les comédiennes et les comédiens de la Troupe. Il s’agit de l’intégrale des œuvres poétiques au programme du bac de français.
L’occasion de relire et de savourer, portés par des voix connues, les terribles accents du deuil de Léopoldine, la provocation faustienne et le spleen d’un dandy parisien, et l’ivresse expérimentale d’un des précurseurs du surréalisme.

De Guillaume Apollinaire on connaît les calligrammes, Le Pont Mirabeau mis en musique par Mouloudji, Léo Ferré, Serge Reggiani mais aussi Desireless ou Marc Lavoine. On sait aussi qu’il est mort pour la France, même si c’est plutôt de la grippe espagnole, et que le peintre Picabia l’avait peint des années avant la guerre, une cible sur la tempe gauche, là où il fut blessé. À moins que ce ne fût pas lui. On prêtait alors au peintre Picabia des dons de voyance bien étranges. Apollinaire, en tout cas, était de ses amis, comme il l’était de Picasso, des cubistes, des fauves, du douanier Rousseau, des époux Delaunay, de Marie Laurencin qui fut sa muse et sa maîtresse.
On sait qu’il aimait aussi Lou, qui s’appelait Louise et qui ne lui rendit pas cet amour fou, si sincère et si charnel, qu’on admire dans les poèmes qu’il lui envoyait du front. Sans doute il aimait les femmes ou peut-être il aimait l’amour. Il avait déjà publié des romans érotiques.

Il avait fréquenté les surréalistes, avant qu’ils sachent eux-mêmes qu’il allaient lancer, quelques années plus tard, la revue du même nom qui allait bouleverser les lettres. On dit que c’est Apollinaire qui inventa ce nom, « surréalisme », dont Breton, Aragon, Eluard, Artaud allaient faire une école et une Révolution.

Il fut un précurseur, un éclaireur, une vigie de l’avant-garde et un compagnon de toutes les audaces et de toutes les nouveautés, au tournant du siècle qui en fut si avide. Las de représenter. Revenu du vers. Fatigué des opéras de Wagner qui avaient tout emporté. Mais qu’est-ce, au juste, cette modernité ? Ce nouveau vers qui chante une ville électrique ? Cette voix qui juxtapose ses impressions dans un mouvement abstrait, affranchi du décor, de l’histoire, de la représentation ?

C’est la voix d’Alcools, son premier grand recueil. Apollinaire, reprenant les poèmes de sa jeunesse et de son temps, décide au dernier moment, sur épreuves, de les faire paraître sans points, sans virgules. Au seul rythme du poète, de sa voix et de ses mille visages, diffractés comme sur le frontispice du recueil que lui peignit Picasso. Rythme cubiste, en somme. C’est cette voix que les Comédiennes et les Comédiens-Français font ici le pari d’incarner, faisant entendre les images inouïes, les rythmes saccadés et inédits de celui qui fut si souvent mis en musique par Francis Poulenc.

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Article publié le 04 octobre 2022
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