Shakespeare et la question politique
Parvenu au sommet du pouvoir qu’il avait concentré entre ses mains, César est assassiné sur le lieu de son exercice, en pleine réunion du Sénat, sous les coups de son protégé Brutus. Cet épisode qui inspira Shakespeare ne peut, à chaque époque, que nourrir des métaphores et comparaisons avec les hommes politiques contemporains. Par le truchement de l’Antiquité romaine, Shakespeare contourne ainsi la censure interdisant les sujets politiques susceptibles de critiquer le pouvoir. Les « pièces historiques » traitant de politique s’arrêtent donc prudemment au règne d’Henri VIII. Parmi les nombreuses têtes couronnées de lauriers ou de diadèmes dans le théâtre shakespearien et plus largement élisabéthain, Jules César prête ici son nom à une pièce qui marqua, de part et d’autre de la Manche, l’histoire de deux troupes historiques puisqu'elle a probablement inauguré le nouveau théâtre du Globe en 1599 et fut jouée pour la première fois en France en 1905 par des Comédiens-Français, au théâtre d’Orange.
Si les questions identitaires sont au cœur d’Othello et du Marchand de Venise, Shakespeare traite surtout de l’exercice du pouvoir, de l’accès à la chute. Le célèbre discours politique de Marc-Antoine devant la plèbe contre César rapproche Jules César deTimon d’Athènes par l’importance de la rhétorique et de Richard III, par le renversement de la situation. Ces manipulations politiques, maladroitement attribuées à Machiavel par Shakespeare dont même la comédie Les Joyeuses Commères de Windsor cite le nom, s’exercent souvent dans la violence. Exercé par des rois omnipotents, régicides et infanticides (Richard II, Richard III, Macbeth), le pouvoir est de plus usurpé dans des pièces pourtant non historiques abordant, entre autres, la question du colonialisme (La Tempête), de la mort (Hamlet), de la fratrie (Comme il vous plaira).
Dans le clair-obscur de ce théâtre, l’amour, par son romanesque conflit avec le pouvoir, peut de surcroît le tourner en dérision (la Guerre de Troie dans Troïlus et Cressida), semer le chaos (la succession du royaume dans Le Roi Lear), anéantir le désir d’hégémonie (la survie de Rome dans Coriolan) mais aussi tuer un autre grand personnage antique (Antoine dans Antoine et Cléopâtre), amoureux infaillible défiant sa destinée politique pour l’Orient et son irrésistible Cléopâtre.
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