Tchekhov à la Comédie-Française
« Le génie de Tchekhov est dans ce dialogue si simple, où l’on entend ses personnages non point parler, mais sentir » (Elsa Triolet). Tout aussi discrètement, la Comédie-Française noue son histoire avec Tchekhov à partir de 1945 en programmant d’abord de courtes pièces - L’Ours et Le Chant du cygne -, avant d’ouvrir plus largement la porte à Oncle Vania, en 1961 lors du centenaire de la naissance de l’auteur. Perçue comme une rupture dans l’histoire de la Maison de Molière, elle reflète la tendance des théâtres subventionnés à accueillir l’œuvre désormais classique de Tchekhov, révélée en France par l’avant-gardiste Georges Pitoëff à partir de 1921.
La plupart des « grandes pièces » de Tchekhov sont entrées au répertoire dans des mises en scène tendant à gommer diversement les références slaves pour une plus neutre universalité, et ce, dès 1961 (Oncle Vania monté par Jacques Mauclair). Évoquée par quelques bouleaux, la Russie restituée par Otomar Krejca qui débarrasse sa Mouette (1980) de ses clichés en insistant sur le caractère charnel disparait totalement sur le plateau nu d’Ivanov, « pièce dédiée au vide » montée par Claude Régy (1984).
L’empathie pour ces personnages parfois taiseux, toujours blessés, dont l’âme slave parait cependant universelle voire familière (Guillaume Gallienne, metteur en scène de Sur la grand-route, 2007), favorise une appropriation du texte. Coupé et réduit de quatre heures (Platonov, Jacques Lassalle, 2003), assemblé en diptyque (Le Chant du cygne et L’Ours, Maëlle Poésy, 2016), le texte peut aussi être redistribué pour « collectiviser des scènes » et mettre des solitudes ensembles (Vania, Julie Deliquet, 2017).
Comédie ou tragédie, la qualification des pièces de Tchekhov qui opposa l’auteur à Stanislavski oriente les choix artistiques des metteurs en scène. La Cerisaie est une comédie, davantage qu’une tragédie, pour Alain Françon (1998) qui s’accorde ainsi avec Jean-Paul Roussillon, metteur en scène des Trois sœurs (1979). Françon revint à cette ultime pièce de Tchekhov sur l’adieu, en la montant cette fois dans les décors de Stanislavski pour sa dernière mise en scène à la direction du Théâtre de la Colline et en offrant à Roussillon, sociétaire honoraire de la Comédie-Française, son dernier rôle sur scène (Firs) dans un spectacle qui, sans lui, n’a jamais été repris.
JANVIER - JUILLET 2026
La Salle Richelieu fermant pour travaux le 16 janvier, la Troupe se produira dès le 14 janvier dans 11 théâtres à Paris et à Nanterre.
Outre ses deux salles permanentes, le Théâtre du Vieux-Colombier et le Studio-Théâtre, elle aura pour point fixe le Théâtre de la Porte Saint-Martin et le Petit Saint-Martin et sera présente dans 9 théâtres partenaires : le Théâtre du Rond-Point, l’Odéon Théâtre de l’Europe, le Théâtre Montparnasse, le Théâtre Nanterre-Amandiers, le 13e art, La Villette-Grande Halle et le Théâtre du Châtelet.
Les 20 spectacles de cette saison hors les murs sont en vente.
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