Traditions d’interprétation de « La Locandiera »
LA LOCANDIERA, créée à Venise en janvier 1753 au Théâtre Saint-Ange, est interprétée par la soubrette de la troupe, Maddalena Marliani, considérée comme la meilleure actrice italienne de son temps. Le public parisien découvre la pièce à la Comédie-Italienne en 1764, mais dans une version très différente, élaborée par Goldoni lui-même, sous le titre Camille aubergiste. À la fin du XIXe siècle, la Duse et la Ristori, interprètes italiennes majeures, reprennent toutes deux le rôle et le jouent en tournée à l’étranger. Catulle-Mendès, témoin de la première « étourdissante de gaité », déplore une dramaturgie qui ne soutient pas la comparaison avec Molière. En France, il faut attendre 1912 pour la voir mise en scène, par André Antoine à l’Odéon, dans une adaptation de Julie Darsenne, utilisée également par Jacques Copeau, en 1923, au Théâtre du Vieux-Colombier. La mise en scène de Copeau est un hommage à la Duse, qui voulait que Goldoni soit interprété avec « brio, brio, brio ». La tradition de volubilité a encore de beaux jours devant elle.
En 1952, Luchino Visconti met la pièce en scène à la Fenice de Venise. Cette version, très discutée, prend l’exact contrepied de la tradition d’interprétation encore marquée par les codes de la commedia dell’arte : jeu lent, sobriété de la gestuelle, voix dépourvues de la musicalité habituelle que l’on prête à Goldoni, costumes silhouettés dépourvus d’ornements superflus, rigueur des décors conçus par Visconti et Piero Tosi, inspirés par l’œuvre du peintre Giorgio Morandi dont l’influence est également perceptible dans l’éclairage. Le spectacle peut être vu du public parisien, en 1956, dans le cadre du Théâtre des Nations.
La lecture de Goldoni se trouve bouleversée par cette interprétation : les aspects sociaux, psychologiques sont privilégiés aux dépens de l’image pittoresque traditionnelle. On parle d’une mise en scène « matérialiste », voire « marxiste ». Les critiques françaises sont assez virulentes. On reproche à Visconti d’avoir adopté un réalisme excessif et renoncé à une certaine « italianité ».
Alors que la France découvre les mises en scène de Strehler dans les années 1970 – notamment avec La Trilogie de la villégiature jouée par les Comédiens-Français à l’Odéon, en 1978 –, la critique oppose souvent les deux maîtres, Strehler offrant une lecture moins radicale respectant un certain équilibre entre « jeu » et « réalité ».
Jacques Lassalle monte La Locandiera à la Comédie-Française, en 1981, conciliant les deux traditions.
Alain Françon quant à lui se situe dans le sillage de Visconti et reprend à son compte une interprétation sociale et un portrait de femme, qui a conscience de sa juste place au sein d’une société hiérarchisée et cloisonnée, finalement assez proche de la nôtre.
En raison des mesures de sécurité renforcées dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.
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