Le théâtre du suspense
« Noir » ou « policier », le polar et le thriller ainsi qualifiés s’appliquent moins à la littérature théâtrale que romanesque. Quant au genre policier, il n’est pas historiquement associé au répertoire de la Comédie-Française, même si son sociétaire Georges Descrières demeure l’inoubliable Arsène Lupin qu’il incarna à la télévision de 1971 à 1974. Et pourtant ! Si le roman policier peut être assimilé au théâtre à énigmes dont Agatha Christie est le parangon, le patron de la Troupe a prouvé sa maîtrise du suspense et de l’attente avec Le Tartuffe, récemment monté, en 2022, comme un sombre thriller contemporain. L’attente monte d’un cran lorsque le personnage disparait dans un tour de passe-passe effectué dans La Grande magie d’Eduardo De Filippo (2009) sous les yeux du public tenu en haleine. Le théâtre policier n’a effectivement pas l’exclusivité des enquêtes. Celle demandée par Harpagon pour le vol de sa cassette (L’Avare de Molière) s’est répétée, à partir de 1680, plus de 2600 fois sur scène, et, dans Le Philinthe de Molière de Fabre d’Églantine en 1790, Alceste est poursuivi par une affaire datant de l’intrigue du Misanthrope. Toutefois, ce sont surtout les enquêtes amoureuses destinées à faire tomber les masques (Les Fausses confidences de Marivaux à partir de 1793) ou à dénoncer les adultères (L’Énigme de Paul Hervieu en 1901, Domino de Marcel Achard en 1958, La Puce à l’oreille de Feydeau en 1978 et 2019, Les Grelots du fou de Pirandello en 2005…) qui sont sempiternellement prétextes à filatures et rebondissements.
Vidocq, l’aventurier et détective ambivalent qui inspira les personnages de Vautrin (Le Père Goriot de Balzac) et de Valjean (Les Misérables de Hugo), offre à la littérature un de ses premiers héros policiers. La Comédie-Française s’empare également de la figure historique (Vidocq chez Balzac d’Émile Fabre en 1943) et de ses « avatars »Vautrin (Vautrin d’Edmond Guiraud en 1922) et Javert, l’inspecteur de police, ennemi juré de Valjean (Les Misérables en 1957, adaptation de Paul Achard). Les inspecteurs du gouvernement ou chefs de police officiant dans des villes véreuses, sont confrontés à la corruption qu’ils sont, au mieux, censés dénoncer (Le Révizor de Gogol en 1999), au pire, qu’ils alimentent pour faire fructifier leurs affaires (L’Opéra de quat’sous de Brecht en 2011 et 2023). Parfois victimes, ils sont tournés en ridicule (Le commissaire est bon enfant de Courteline en 1951 et 1984, Occupe-toi d’Amélie de Feydeau en 1995) ou sont la cible d’une vengeance (Retour au désert de Koltès en 2007). La littérature policière aimant confondre, à partir de la fin du XIXe siècle, le bien et le mal, le criminel occupe aussi le devant de la scène dans Crime et Châtiment de Gabriel Arout (1963), L’Émission de télévision de Michel Vinaver (1990), Les Bonnes de Jean Genet (1995), La Tête des autres de Marcel Aymé (2013)…
Mais qui détient la vérité ? Le voile tente de se lever au cours de la représentation de Chacun sa vérité de Pirandello (en 1937, 1951 et 1960) et du Mariage de Kretchinsky de Soukhovo-Kobyline (1966). Présent et passé se répondent, dans un va-et-vient censé fournir des indices pour découvrir ce qui s’est réellement passé (Arcadia de Tom Stoppard en 1988, Je reviens de loin de Claudine Galea en 2023).
Au-delà du plateau, le théâtre de la Comédie-Française et ses coulisses ont servi de décor et d’inspiration à Meurtre en trois actes, un téléfilm de Claude Mouriéras (2016), dans lequel la Troupe voit débarquer deux officiers de police chargés de résoudre une série de meurtres inexpliqués.
La radio diffusa également des lectures consacrées à deux maîtres du suspense : Simenon ̶ de 2016 à 2020 avec notamment l’épisode Les Mémoires de Maigret ̶ et Agatha Christie, avec la lecture des Dix petits nègres en 1973. Plus de cinquante ans après la lecture de cette œuvre d‘Agatha Christie, un autre enquêteur né de son imagination s’apprête à fouler pour la première fois les planches de la Comédie-Française, partageant ainsi la destinée de La Souricière (The Mousetrap) qui fut écrite en 1947 pour la radio avant d’être adaptée pour la scène et jouée en 1952 à Londres.
Florence Thomas
Archiviste-documentaliste à la Comédie-Française
NB : les dates correspondent aux mises en scène
Les guichets et le service de location par téléphone sont fermés jusqu’au mardi 2 septembre 2025 inclus.
Réouverture le mercredi 3 septembre 2025 à 11h
La Comédie-Française participe aux journées du Patrimoine les samedi 20 et dimanche 21 septembre 2025.
Trois visites-conférences sont proposées ces deux jours à 9H30 /10H et 10H30.
L’inscription à l’une de ses visites (3 places maximum par personne) se fait uniquement par mail, le 4 septembre 2024 à partir de 8H.
L’adresse électronique sera communiquée le 3 septembre. Les inscriptions se feront dans l’ordre de réception des courriels.
Le nombre de places est limitée à 30 personnes par visite.
NOUVELLES DATES POUR
Attention : en raison d'une forte demande, les cartes "famille" et "adulte" 2025-2026 ne sont plus disponibles.
Les réservations pour les Cartes et les Individuels se feront uniquement sur Internet et par téléphone au 01 44 58 15 15 (du lundi au samedi de 11h à 18h). Aucune place ne sera vendue aux guichets avant septembre pour la saison 2025-2026
L’ouverture des ventes pour les chèques-cadeaux 25-26 se feront en septembre 2025
En raison des mesures de sécurité renforcées dans le cadre du plan Vigipirate « Urgence attentat », nous vous demandons de vous présenter 30 minutes avant le début de la représentation afin de faciliter le contrôle.
Nous vous rappelons également qu’un seul sac (de type sac à main, petit sac à dos) par personne est admis dans l’enceinte des trois théâtres de la Comédie-Française. Tout spectateur ou spectatrice se présentant muni d’autres sacs (sac de courses, bagage) ou objets encombrants, se verra interdire l’entrée des bâtiments.