Le Sicilien ou l’Amour peintre

La Sicile au sang chaud qui en fait l’archétype de la jalousie, inspire à Molière un ballet probablement destiné à introduire un grand ballet, imprégné de parfums méditerranéens et orientaux prisés dans les comédies du XVIIe siècle. Le 14 février 1667 à Versailles, le Ballet des muses est enrichi de cette dernière entrée intitulée Le Sicilien ou l’Amour peintre, qui accompagnera bientôt aussi bien des tragédies de Corneille que des comédies médicales de Molière. À partir de son entrée au répertoire de la Comédie-Française, cette comédie-ballet qui totalise aujourd’hui 313 représentations, est jouée régulièrement jusqu’en 1738 malgré le privilège accordé à l’Académie royale de musique. Elle est ensuite reprise plusieurs fois au XVIIe siècle jusqu’à la disparition du corps de ballet en 1793, peu avant la fermeture des théâtres pendant la Révolution. Elle réapparait en 1850 « avec les ornements qui l’accompagnaient chez le roi ». En 1892, réorchestrée par Camille Saint-Saëns, elle agrémente la soirée de gala donnée à l’Opéra pour célébrer l’amitié franco-russe mais les rares reprises à la Salle Richelieu témoignent du désintérêt de l’époque pour les ballets et la musique de Lully.

Ponctuelles, les nouvelles présentations au XXe siècle mettent désormais les intermèdes et divertissements à l’honneur, pour le plaisir des spectateurs qui jouissent de représentations plus nombreuses. En 2005, c’est l’affiche de 1667 qui est reconstituée grâce aux Arts florissants qui réunissent Le Sicilien et L’Amour médecin. L’engouement pour le retour au baroque et à la fidélité historique explique le sommet final du nombre de représentations alors atteint par cette modeste comédie-ballet, préfiguration du ballet oriental du Bourgeois gentilhomme.

Les mises en scène au XXe siècle à la Comédie-Française :