Massacre

Huis clos théâtraux

Le huis clos théâtral fait cohabiter les personnages dans un lieu unique d’où ils ne peuvent sortir. Au sens strict, ils sont peu nombreux dans le répertoire théâtral. La tragédie classique, contrainte par la règle de l’unité de lieu, situe le plus souvent son action dans une salle de palais ou dans une antichambre où les personnages passent et circulent, mais où ils rapportent aussi les évènements extérieurs qui font avancer l’intrigue et, parfois, la font basculer. Le huis clos n’est donc que relatif. En revanche, certaines pièces utilisent le motif dans sa dimension psychologique. Massacre de Lluïsa Cunillé, joue sur les deux tableaux. À partir d’un lieu unique (le salon d’un hôtel), les trois personnages entrent et sortent mais y reviennent irrémédiablement. La relation que tissent les deux femmes rend cet endroit peu à peu indispensable comme espace mental contradictoire : l’une cherche à en sortir sans y parvenir, l’autre veut s’y installer. Le salon où elles vivent leur réclusion relative est aussi la métaphore de toute une région soumise aux aléas du tourisme, que les habitants désertent mystérieusement, attirante et répulsive à la fois. Comme dans la plupart des huis clos théâtraux, les équilibres lentement établis sont rompus par l’arrivée d’un tiers, symbole d’un ailleurs rendant la situation d’enfermement insupportable.

Les lieux clos constituent des terrains de choix pour les dramaturges désireux d’observer les rapports humains et les comportements qui s’expriment avec plus de vérité en milieu fermé. Ainsi Marivaux explore ces espaces d’enfermement, où le renversement des hiérarchies est enfin possible : les rapports maître/esclaves, hommes/femmes et de domination.
Certains lieux et sociétés sont particulièrement propices aux huis clos : les îles, mais aussi les prisons, ou encore les congrégations religieuses. La pression qu’exerce le huis clos sur l’individu tient tant au lieu, à l’enfermement, qu’à la charge psychologique qui en découle, tandis que l’extérieur inaccessible génère angoisse et désir. Dans La Maison de Bernarda Alba de Federico García Lorca, la matriarche enferme ses filles pour un deuil de huit ans, les poussant à braver tous les interdits jusqu’au suicide final de la plus jeune qui succombe à la tentation de l’extérieur, de séduire un homme. Le huis clos, l’enfermement, la fluctuation des rapports de force sont des thématiques de prédilection de Jean Genet : dans Haute surveillance ou encore dans Les Bonnes. Réclusion, dépendance, domination et servitude sont au cœur des huis clos modernes dont la pièce de Sartre, Huis clos est le modèle.

La « sortie » du huis clos est un moment de grande tension dans le théâtre contemporain : Innocence de Dea Loher, Poussière de Lars Norén, Les Damnés d’après Visconti mis en scène par Ivo van Hove, pièces récemment entrées au répertoire de la Comédie-Française, proposent des écritures chorales qui excluent les « sorties provisoires ». Tous les personnages sont présents sur le plateau dès le début de la pièce, et ne le quittent que pour mourir.
Dans Massacre au contraire, la scène finale permet aux personnages de sortir du huis clos et d’imaginer un autre avenir.

  • Huis clos, 1990, Aumont, Dubois - photo. Claude Bricage © Coll. Comédie-Française
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