Médée et ses transfuges à la Comédie-Française
Des héroïnes d’Euripide — le plus tragique des poètes grecs selon Aristote — Médée demeure l’une des plus inquiétantes et révèle la fascination de l’auteur contemporain d’Hippocrate pour l’aliénation. Depuis le XVIIe siècle, elle captive aussi le public de la Comédie-Française qui, cette saison, va la redécouvrir dans une nouvelle adaptation signée par Lisaboa Houbrecht. La longévité et la modernité du mythe sont prégnantes dans la lecture qu’en offre la jeune metteuse en scène, qui revisite entièrement les questions de pouvoir et de maternité en féminisant le personnage de Jason.
La première adaptation à être représentée à la Comédie-Française, que Longepierre écrit à partir d’Euripide et de Sénèque, est jouée pendant presque 120 ans (de 1694 à 1813), celle de Clément en 1779 ne le sera pour sa part qu’une seule fois . La célèbre Médée de Pierre Corneille (1635) qui s’inspire de celle de Sénèque ̶ et non d’Euripide ̶ n’est inscrite au Répertoire qu’en 1868. En 1903, c’est au tour de l’adaptation de Catulle Mendès d’entrer dans l’histoire du Français . Lorsque la version d’Euripide est jouée en 1981 dans une nouvelle traduction aux résonnances actuelles, elle demeure en marge du Répertoire : la tragique héroïne de la légende des Argonautes ouvre le Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur, avant d’être reprise à l’Odéon, alors deuxième salle de la Comédie-Française. Désireux de conserver le climat « domestique de rupture d’un couple dont les enfants sont sacrifiés à l’amour-propre des parents », Jean Gillibert propose une Médée-Christine Fersen moins vengeresse que seule dans un monde où elle est perdue.
La nouvelle présentation de Lisaboa Houbrecht s’interroge à son tour sur ce personnage qui ouvre la lignée des mères infanticides ôtant la vie qu’elles ont engendrée. Bien que les actes sanglants soient interdits sur scène durant le XVIIe siècle bienséant, la violence de leur narration produit un effet de sidération. Aux siècles suivants, l’autocensure persiste pour l’infanticide, crime suprême parmi les meurtres d’enfants fréquents dans le Répertoire. Mais avec une réappropriation du mythe au XXe siècle, l’inconcevable se reproduit sur scène et des transfuges de Médée réapparaissent à la Comédie-Française avec des pièces telles que Huis clos de Sartre mis en scène par Claude Régy (1990) ou Orgie de Pasolini par Marcel Bozonnet (2007).
— Visuel : Médée, 1981, Avignon, Christine Fersen
Photo © Claude Angelini
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