Les Candélabres les adieux / La Ronde

Les élèves-comédiens de la Comédie-Française invitent le public à leur carte blanche de fin d'année. Ils présenteront des scènes de La Ronde d'Arthur Schnitzler sous la direction de Muriel Mayette-Holtz, ainsi que le texte Les Candélabres les adieux, écrit et dirigé par Florent Gouëlou, un des élèves-comédiens. Cet événement sera pour eux l'occasion de clore une année de compagnonnage en investissant le plateau du Théâtre du Vieux-Colombier et de se lancer dans la responsabilité d'une interprétation qui les prépare à une carrière professionnelle.

Nous avons choisi La Ronde de Schnitzler parce que cette pièce semblait décrire justement la fragilité des rapports humains et permettait une interprétation très contemporaine, en répondant à la question : comment jouer le désir sur un plateau ?
Cette pièce écrite en 1896, publiée en 1900, fit scandale à sa création parce qu'elle parlait trop directement de sexualité et de l'impossible partage des sentiments. Elle est constituée de dix saynètes entre un homme et une femme pris dans un jeu de séduction et de pouvoir qui les mène à l'acte final (non représenté sur le plateau !). Tous les niveaux sociaux sont convoqués et cela nous permet de voir les acteurs dans des rôles différents. Cette danse improvisée entre hommes et femmes, ce vertige, forme une grande chaîne de personnages qui ne se connaissent pas et qu'une rencontre fortuite réunit pour l'occasion. Nous essayerons de mettre en valeur la dimension comique de cette proposition dont l'auteur disait lui-même : « De tout l'hiver, je n'ai écrit qu'une suite de scènes parfaitement inoubliables et sans grande portée littéraire mais qui, si on l'exhume dans quelques centaines d'années, jettera sans doute un jour singulier sur certains aspects de notre civilisation. » Force sera de constater que nous n'avons pas tellement changé nos habitudes sur ce thème !
DansLes Candélabres les adieux, les personnages réunis attendent Martin, qui n'arrive pas. L'étrange huis-clos qui naît devient l'occasion pour chacun de se livrer, de tenter de nommer le plus justement possible les raisons de sa présence, les enjeux qui le pousse à rester et à se confronter aux autres. Il est question de famille, d'amour, de théâtre et de séparation. Les Candélabres deviennent l'image du groupe, plusieurs chandelles qui ne se sont pas choisies, et voilà qu'il faut faire de la lumière ensemble.
Ce texte écrit en fin d'année par Florent Gouëlou apparaît également comme une métaphore sur la saison partagée par ses jeunes acteurs au sein de la Comédie-Française. « Des acteurs de fond de plateau » qui ont tenu pendant l'année les plus petites partitions et qui s'expriment enfin haut et fort, pleins de cette expérience.
Muriel Mayette-Holtz