Jean
Yonnel

378e sociétaire

Entré à la Comédie-Française en 1926 ; sociétaire en 1929 ; retraité en 1955 ; doyen de 1954 à 1955 ; sociétaire honoraire en 1956.

D'origine roumaine, comme De Max et Marie Ventura, Estève Schachmann, dit Jean Yonnel, se présente au Conservatoire sur les conseils de Mounet-Sully, en 1909. Il n'y sera admis qu'en 1911, dans la classe de Leitner ; il en sort en 1914 avec un premier prix de Tragédie et un premier accessit de Comédie, non sans avoir interprété à Londres, avec Sarah Bernhardt, Hippolyte de Phèdre.
La guerre le rappelle en Roumanie. En 1916, il s'engage dans la Légion étrangère, est blessé à deux reprises. Démobilisé en 1918, il joue à l'Odéon, au Gymnase et au théâtre Sarah-Bernhardt où il créé La Gloire de Maurice Rostand.
Engagé à la Comédie-Française, il débute en 1926 dans Le Cid. Jeune premier tragique et romantique, il incarne tous les héros de son emploi, d'Oreste à Néron, de Rodrigue à Curiace, de Don Carlos à Ruy BIas, de Perdican à Chatterton. Sa sensibilité fiévreuse, sa silhouette romantique, sa voix chaude et sa diction impeccable font le succès de son interprétation d'Hamlet, tandis qu'il crée
Henri III dans Les Trois Henry d'André Lang, joue Henry Bataille et Henry Bernstein, participe aux importantes créations de Monna Vanna de Maeterlinck et de Lorenzaccio de Musset. Il reprend Frédéri dans L'Arlésienne de Daudet, dont il joue aussi Sapho, crée La Belle Marinière de Marcel Achard. Interprète de Paul Raynal, après Le Maître de son cœur, il crée les rôles difficiles du prince allemand dans La Francerie et de Jésus dans A souffert sous Ponce Pilate. Sociétaire dès 1929, il met en scène plusieurs tragédies, sous l'administration Bourdet, dont Britannicus où il joue lui-même Néron.

Frappé d’une mesure de suspension en septembre 1940 – en vertu des ordonnances allemandes concernant les juifs –, Jean Yonnel, considéré comme un tragédien indispensable pour la Maison, obtient finalement l’appui d’une haute personnalité de l’État français et reparaît sur la scène de la Comédie-Française le 5 octobre 1941 dans Bérénice. Il crée ainsi pendant la guerre deux rôles importants : Don Pélage dans Le Soulier de satin de Paul Claudel et surtout le roi Ferrante dans La Reine morte de Montherlant, rôle où il s'investit avec une telle puissance d'interprétation qu'il lui collera littéralement à la peau pendant le reste de sa carrière.
Dans la tragédie classique, l'âge l'a fait passer des jeunes premiers aux pères nobles. Après avoir été Joas (Athalie) et Acomat (Bajazet), il est désormais Don Diègue, le vieil Horace, Mithridate (dans sa propre mise en scène) et Prusias (Nicomède), de même qu'il incarne Don Salluste dans Ruy Blas et Don Ruy Gomez dans Hernani. Il joue Tartuffe, reprend le Colonel Brideau dans La Rabouilleuse et fait une saisissante création de Tirésias dans l'Antigone de Sophocle, adaptée par André Bonnard.
Le répertoire contemporain lui fournit l'occasion de jouer, outre Claudel (L'Otage, L'Annonce faite à Marie) et Montherlant (Le Maître de Santiago, Port-Royal), André Obey (L’Homme de cendres), François Mauriac (Les Mal-aimés), André Gide (Les Caves du Vatican)... Il a fait de nombreuses tournées, avec ou sans la Comédie-Française (les Balkans, l'URSS, l'Afrique du Nord...).

Nommé professeur au Conservatoire en 1947 (jusqu'en 1962), il forme ses élèves de la classe de tragédie à une diction claire et au respect de l'alexandrin. Doyen en 1954, il est nommé sociétaire honoraire en 1956, continuant de jouer certains des rôles dont il est titulaire. Il joue aussi en tournée Balthazar de L'Arlésienne et, au Châtelet avec Pierre Vaneck, le rôle du vieil empereur d'Autriche dans L'Aiglon d'Edmond Rostand.

Sa carrière au cinéma, commencée à l'époque du muet (il fut d'Artagnan dans Vingt Ans après d'Henri Diamant-Berger), se poursuit avec succès après 1930. Signalons entre autres Amok, L'Appel du silence (où il fait une étonnante création du père de Foucauld), Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, Koenigsmark, Marianne de ma jeunesse et à la fin de sa carrière, Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky.

Il parut quelquefois à la télévision, notamment dans la version télévisée de La Reine morte, mais aussi dans une dramatique de Maurice Toesca : Le Mariage de Mademoiselle.
Il est mort en 1968, d'une embolie, comme le roi Ferrante, laissant le souvenir d'un acteur exigeant, rigoureux et d'une scrupuleuse honnêteté.

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