Pierre Mathieu
Ligier

249e sociétaire

Entre à la Comédie-Française en 1820 ; sociétaire en 1831 ; retraité en 1851.

Il est ouvrier vitrier, avec son père, à Bordeaux, lorsqu'il s'essaie au théâtre dans une troupe d'amateurs. Encouragé par son succès, il monte à Paris et auditionne, en 1818, dans Le Cid et Coriolan, devant les Comédiens-Français, qui lui conseillent de suivre les cours de l’École dramatique. Malgré sa petite taille, il y remporte un premier prix de Tragédie.

En 1820, après des débuts dans Néron (Britannicus), Coriolan et Oreste (Andromaque), il est engagé comme pensionnaire pour jouer les troisièmes rôles. Ambitieux, il prétend doubler Talma et Lafon. Son indiscipline est cause de son départ, en 1823. Après deux années de tournées en province, il entre à l'Odéon en 1825, dans Achille d'Iphigénie. Il va avoir enfin l'occasion de montrer ce qu'il sait faire et de donner corps, avec toute la violence de son tempérament, aux héros des premiers « drames » romantiques : il crée Marino Faliero de Casimir Delavigne au théâtre de la Porte-Saint-Martin puis, à l'Odéon, Christine à Fontainebleau d'Alexandre Dumas et La Maréchale d'Ancre d'Alfred de Vigny (rôle de Borgia).
Il réintègre la Comédie-Française, en 1831, comme sociétaire et y est l'interprète privilégié de Casimir Delavigne : Louis XI, Les Enfants d’Édouard, Don Juan d'Autriche, Une famille au temps de Luther, La Fille du Cid...
Il a le redoutable honneur d'incarner Triboulet, en 1832, dans l'unique représentation du Roi s'amuse de Victor Hugo et sera Frédéric Barberousse dans Les Burgraves en 1843. D'Alexandre Dumas père, il crée Caligula en 1837.
Acteur véhément doué d'une voix de stentor, appartenant, selon les détracteurs, de l'école romantique à « l'école vociférante », il a une présence scénique indiscutable qui fait oublier sa petite taille et son physique plutôt commun. Il ne néglige pas le répertoire classique et joue notamment Tartuffe.

En 1851, il prend sa retraite, mais on l'applaudit encore par la suite au théâtre de la Porte-Saint-Martin dans Richard III de Victor Séjour, en 1852, et en 1859 dans une reprise de Charles VII chez ses grands vassaux d'Alexandre Dumas père. Il passe ses dernières années à Bordeaux, où il meurt en 1872.

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