Les Damnés

Je t’aime moi non plus : la Comédie-Française au Festival d’Avignon

Après 23 ans d’absence, la Comédie-Française retrouve la Cour d’honneur pour la création des Damnés mis en scène par Ivo van Hove

DÈS SA NOMINATION en tant qu’administrateur de la Comédie-Française, en 1970, Pierre Dux invite Jean Vilar qui, en retour, le sollicite pour une venue de la Comédie-Française au Festival d’Avignon. Pierre Dux craint cependant, avec des œuvres trop traditionnelles, d’exposer les Comédiens-Français à un public réputé chahuteur. Les difficultés budgétaires ruinent l’espoir d’une union. À la mort de Jean Vilar, son successeur, Paul Puaux, propose à nouveau la Cour d’honneur à la Comédie-Française pour le Festival de 1972. Jean-Paul Roussillon choisit d’y monter Sophocle (Œdipe roi et Œdipe à Colone). Les deux spectacles amenés par Pierre Dux, Richard III par Terry Hands et les deux Œdipe, laissent la presse indifférente quand elle n’est pas sceptique sur le fait que le Français puisse se « mettre à l’heure de la Cour d’honneur ».

Bien que Jean Vilar éprouvait de l’admiration pour la Comédie-Française, les rapports de la Maison de Molière avec le Festival d’Avignon, temple de la création et de l’expérimentation, relevèrent souvent de l’incompréhension mutuelle.

L’invitation n’est pas renouvelée jusqu’en 1979 où Bernard Faivre d’Acier, successeur de Puaux, convainc le nouvel administrateur, Jacques Toja, d’être présent par un spectacle préfigurant une participation plus importante en 1981. La Double Inconstance, ancien projet de Jean-Luc Boutté, permet de pallier cette programmation tardive. Le Cloître des Carmes offre un cadre idéal pour la Maison de Molière. La distribution des rôles à contre-emploi, la qualité de l’interprétation et le dépouillement scénique bousculent les préjugés : « La tortue Comédie-Française continue à distancer bien des lièvres avant-gardistes. »

Comme prévu, elle occupe en 1981 la Cour d’honneur : Médée d’Euripide montée par Jean Gillibert et complétée par des lectures au Cloître du Palais Vieux, inaugure le Festival. La mise en scène, clivante mais décapante, fera beaucoup parler d’elle.

Bernard Sobel, pressenti pour monter Coriolan, en 1981, représente la Comédie-Française avec Marie Stuart de Schiller au cloître de Villeneuve lès Avignon, en 1983.

Ce Festival est, pour Bernard Faivre d’Acier, « celui d’hommes et de femmes de 30 à 40 ans, qui ont maintenant atteint leur pleine maturité ». L’un d’eux, Jean-Pierre Vincent, alors directeur du TNS qui ouvre le Festival avec les Dernières nouvelles de la peste de Bernard Chartreux, apprend à Avignon sa nomination à la direction de la Comédie-Française.

Ce fils du Festival accompagnera, avec Macbeth, la Comédie-Française à Avignon en 1985. Malheureusement, le mistral interrompt pendant plusieurs jours les représentations.

À partir de 1985, un écrivain est mis à l’honneur chaque année. Fruit de la rencontre entre Alain Crombecque, directeur du Festival depuis 1984, qui veut faire entendre des auteurs contemporains, et Jean-Pierre Vincent, qui renoue au cours de son mandat, avec les soirées littéraires, Le Savon de Francis Ponge – porté à la scène pour la première fois – est, pour la Comédie- Française, « une autre façon d’imaginer le spectacle ». L’aventure littéraire se poursuit deux ans plus tard avec Robert Pinget (1987) auquel Alain Crombecque rend hommage au cours de ce 41e Festival qui marque la « venue en force des institutions » : le Théâtre de Chaillot, l’Opéra de Paris, le Théâtre des Amandiers et la Comédie-Française.

Parmi les metteurs en scène les plus fidèles et les plus inextricablement liés à l’histoire du Festival d’Avignon, trois furent administrateurs du Français : Jean-Pierre Vincent, Antoine Vitez et Jacques Lassalle. Lorsqu’il vient occuper pour la troisième fois la Cour d’honneur en 1989, Vitez dirige la Comédie-Française depuis un an. Il l’ouvre avec Jeanne Moreau, qui n’était pas venue depuis 1951, et La Célestine de Fernando de Rojas et la Troupe continuent de participer à des lectures, cette fois de textes d’Aimé Césaire.

En 1990, Vitez décède. « Un plan de plusieurs années avait été prévu avec la Comédie-Française », souligne Alain Crombecque dans son hommage. Elle revient, en 1992, pour un cycle de lectures de Serge Rezvani puis, en 1993, avec Dom Juam, « l’œuvre matrice de beaucoup d’autres » (Bernard Faivre d’Acier, de retour à la direction du Festival) qui n’avait pas été joué depuis trente-cinq ans. La malchance s’abat. La pluie sur le plateau en pente rend le décor – d’une beauté très assortie au cadre architectural – impraticable aux comédiens. Des représentations doivent être annulées.

Depuis que des artistes associés participent à la programmation du Festival (2004), la Comédie-Française peine à susciter le désir et à trouver sa place. La Maison Jean-Vilar lui offre cependant un lieu de lectures privilégié. Si l’ouverture du Festival d’Avignon 2016 par la Comédie-Française n’est donc pas une nouveauté pour celle qui y fut présente régulièrement (onze spectacles en vingt-et-un ans), elle est néanmoins un événement puisqu’elle retrouve, après 23 ans d’absence, la Cour d’honneur pour la création des Damnés mis en scène par Ivo van Hove.

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