Pirandello à la Comédie-Française
Lorsque Luigi Pirandello accède à la scène à la cinquantaine, il est déjà l’auteur d’une importante production littéraire réunissant sept romans, quatre recueils de poèmes et un peu plus de deux cents nouvelles enracinées dans sa Sicile natale et terreau fertile pour l’écriture de ses pièces.
En 1921, Pirandello triomphe à Milan avec Six personnages en quête d’auteur, pourtant violemment sifflé quelques mois auparavant à Rome. La création enthousiaste de Henri IV l’année suivante marque le début de sa célébrité et de son apparition sur les scènes françaises avec La Volupté de l’honneur (traduction de Camille Mallarmé) mis en scène par Charles Dullin au Théâtre de L’Atelier à Paris. La pièce, jugée trop cérébrale, reçoit des critiques maussades. Deux ans plus tard, Dullin réitère et présente, toujours à L’Atelier, Chacun sa vérité dans la traduction de Benjamin Crémieux, qui devient alors son traducteur associé. Le succès est considérable et le théâtre pirandellien investit d’autres scènes parisiennes, dont celle de la Comédie-Française.
Renouvellement du répertoire à la Comédie-Française
L’entrée au Répertoire de Pirandello en 1937, un an après sa mort, coïncide avec le début des mises en scène consacrées du XXe siècle qui met fin aux traditions de jeu transmises par le biais des dynasties familiales d’acteurs et d’actrices sous l’Ancien Régime, et à la notion d’« emploi » institutionnalisé par la Comédie-Française pour résoudre la question épineuse des distributions. Cette évolution débute avec l’auteur dramatique Édouard Bourdet nommé administrateur en 1936 et un Comité consultatif pour lequel il fait appel aux metteurs en scène issus du « Cartel des Quatre », Jacques Copeau, Gaston Baty, Charles Dullin et Louis Jouvet. Ces personnalités apportent un regard neuf sur les classiques, et des auteurs contemporains français et étrangers – notamment Jean Giraudoux, Henri-René Lenormand, François Mauriac ou Romain Rolland font leur entrée en force au Répertoire.
Celle de Pirandello est portée par Charles Dullin qui est invité à remonter Salle Richelieu, treize ans après sa création à l’Atelier, Chacun sa vérité, dans des décors de Suzanne Lalique. Fernand Ledoux, Jean Debucourt et Berthe Bovy dans les rôles principaux en donnent, selon le traducteur, une interprétation de rêve. En 1952, Julien Bertheau reprend « à un pas près » la mise en scène de Dullin avec la même distribution principale.
Chef-d’oeuvre de l’auteur et deuxième pièce à entrer au Répertoire, Six personnages en quête d’auteur est monté pour la première fois en 1952 avec la Troupe à la Salle Luxembourg. Julien Bertheau reconstitue la mise en scène dépouillée des Pitoëff qui l’avaient créé en 1923 à la Comédie des Champs-Élysées. Le couple était alors parvenu à convaincre l’auteur de faire descendre sur scène ses personnages à bord d’un monte-charge de service. Le triomphe avait été éclatant et des critiques pressentaient un tournant radical dans l’écriture théâtrale. Servie notamment par Jean Meyer, Fernand Ledoux et Renée Faure, la pièce exerce à nouveau une réelle fascination. Elle est remise à l’affiche en 1978 dans une production signée Antoine Bourseiller et une version française de Michel Arnaud établie d’après le manuscrit définitif de Pirandello. Le texte est ainsi restitué dans son cadre d’origine, avec des costumes cubistes de Sonia Delaunay et un fox-trot de Francis Salabert. En 1986, « la pièce à faire » de Pirandello est reprise à l’Odéon, mise en scène par Jean-Pierre Vincent.
L’auteur lui-même est mis à l’honneur par la Comédie-Française en 1969 qui propose un « Spectacle Pirandello », composé de La Volupté de l’honneur et Un imbécile, mis en scène par François Chaumette. Cette formule est reprise à la demande de Jacques Lassalle en 1992 au Petit-Odéon, avec L’Étau et Je rêve (hors Répertoire). Enfin, en 1973, Henri IV, créé par les Pitoëff, est présenté par Raymond Rouleau à l’Odéon, avec François Chaumette dans le rôle-titre.
L’exploration du théâtre pirandellien se poursuit au XXIe siècle, hors Répertoire, avec Les Grelots du fou présentés en 2005 au Théâtre du Vieux-Colombier par Claude Stratz et La Fleur à la bouche par Louis Arène au Studio-Théâtre en 2013.
Marina Hands interroge avec cette mise en scène le « désir d’être incarné » qui résonne fortement avec notre époque, ainsi que le sens du métier de comédien et de comédienne dans un dispositif scénique qu’elle a souhaité immersif.
Claire Lempereur
Documentaliste à la bibliothèque-musée de la Comédie-Française
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