Les Caprices de Marianne

Ainsi donc l’amour ne serait qu’un jeu ? Qui joue ici ? Coelio qui joue avec sa vie ? Marianne qui joue avec l’amour ? Octave qui joue avec le feu ? C’est le temps du carnaval. Les masques passent. Les masques tombent.

La pièce pourrait se résumer ainsi : en cherchant à persuader Marianne d’accepter l’amour de Coelio, Octave tombe éperdument amoureux d’elle. En cherchant à persuader Octave qu’elle n’est pas un cœur à prendre, Marianne tombe éperdument amoureuse de lui. Ils jouent, ils se tournent autour, et s’évitent et se retrouvent… Marianne en oublie presque son mari, et Coelio qui la presse. Octave en oublie presque son ami, son serment qui le lie. La mort de Coelio siffle la fin de la partie. Tous ont perdu. Coelio y perd la vie. Marianne y perd l’amour. Octave y perd l’espoir.

OCTAVE. […] Adieu Naples et ses femmes, les mascarades à la lueur des torches, les longs soupers à l’ombre des forêts ! Adieu l’amour et l’amitié ! Ma place est vide sur la terre.
MARIANNE. Mais non pas dans mon cœur, Octave. Pourquoi dis-tu : Adieu l’amour ?
OCTAVE. Je ne vous aime pas, Marianne ; c’était Coelio qui vous aimait.

La grande vertu du Théâtre à la table est de permettre au public de se rapprocher au plus près de l’écriture d’un auteur, de sa langue. Celle de Musset est étrange, mouvante, indécise, d’hier et d’aujourd’hui. Les élans s’y brisent sur des peurs irraisonnées. Les amours s’y détruisent sur des doutes inventés. La nature y est envahie par la fumée des cabarets. Cette langue tout à la fois très simple et très sophistiquée, incarne peut-être à elle seule le courant romantique du XIXe siècle. »

Nicolas Lormeau

Avec le généreux soutien d'Aline Foriel-Destezet, grande ambassadrice de la création artistique
Avec le mécénat de François Jerphagnon
et d’Allianz France