François Joseph
Talma

195e sociétaire

Entré à la Comédie-Française en 1787 ; sociétaire en 1789 ; doyen de 1824 à 1826.

Le plus grand acteur tragique de l'histoire du théâtre français, l'une des personnalités-phares de l'époque révolutionnaire et de l'Empire, interprète d'une époque, rénovateur et innovateur de l'art dramatique, François-Joseph Talma est un des rares acteurs dont le nom reste présent dans la mémoire populaire, entré vivant dans la légende.

Ses débuts sont modestes. Il apprend le métier de dentiste qu'exerce à Londres son père, ancien homme de confiance d'un noble seigneur anglais, et fait du théâtre en amateur. Il abandonne bientôt définitivement « le davier pour le cothurne » et entre, en 1786, à l’École royale dramatique nouvellement fondée, où il est un des premiers élèves de Dugazon, Molé et Fleury.
Il débute à la Comédie-Française, en 1787, dans le rôle de Séide du Mahomet de Voltaire. Sa prestance, sa voix, sa sensibilité sont aussitôt saluées par la critique qui pressent en lui un très grand tragédien. Il reste deux années pensionnaire dans les troisièmes rôles.

Dernier sociétaire nommé en 1789, c'est à lui qu'échoit le rôle-titre – refusé par d'autres – de Charles IX dans la tragédie de Marie-Joseph Chénier. Il y remporte le premier triomphe de sa carrière, y montre son goût pour l'exactitude historique (costume et maquillage) et ses sympathies politiques pour l'idéal révolutionnaire qu'il va bientôt incarner au sein de la troupe. La situation devient très tendue entre les deux partis qui s'affrontent à la Comédie-Française. Un duel Talma/Naudet a même lieu et, malgré les ordres donnés par la municipalité de Paris pour que les acteurs jouent tous ensemble, Talma finit par démissionner en avril 1791. Il emmène avec lui Dugazon, Grandmesnil, Monvel, Madame Vestris, Mademoiselle de Garcins au théâtre construit rue de Richelieu, qui prend le nom de Théâtre de la République, et ouvre avec Henri VIII de Marie-Joseph Chénier. Talma est déjà une « vedette » à cette époque, il a révolutionné le costume, continuant l'œuvre de Le Kain et de Mademoiselle Clairon, en restituant aux tragédies les costumes antiques. Il a osé, au grand scandale de ses camarades, jouer Brutus de Voltaire en toge romaine, les jambes et les bras nus, les cheveux coupés court, aidé dans ses recherches par le peintre David, dont il fréquente l'atelier.

Acteur d'instinct, il se signale aussi par son expression du naturel, plus proche du ton parlé que de l'incantation déclamatoire, accordant une importance nouvelle au jeu muet et à la « mise en scène ». Par son mariage avec Julie Carreau, ex-danseuse de l'Opéra, femme à la mode tenant salon dans son hôtel de la rue Chantereine, il a une position d'homme riche et en vue. Il réussit à ne pas se compromettre politiquement, malgré les calomnies répandues sur son compte au moment de l'incarcération de ses anciens camarades. Au contraire, sa nature généreuse le porte à user de son influence pour les sauver. Il reprendra d'ailleurs tout naturellement sa place dans la Société à la réunion de 1799, dont le premier spectacle est Le Cid, avec Talma-Rodrigue. Séparé de sa première femme, qui mourra dans les bras de Benjamin Constant, Talma épouse en 1802 celle qui est sa compagne depuis plusieurs années, Caroline Petit-Vanhove. Sous le Consulat et l'Empire, sa gloire va grandissant, d'autant qu'il est admis dans l'entourage de Bonaparte depuis 1795. Il organise les spectacles de la nouvelle cour, tant à la Malmaison qu'à Saint-Cloud, est nommé professeur au Conservatoire en 1806, tient la vedette dans la tournée d'Erfurt (1808) où les Comédiens français se produisent « devant un parterre de rois », pour le plus grand prestige de l'Empereur.

Talma, volage et dépensier, se voit obligé de courir les tournées pour éponger ses dettes, souvent au grand déplaisir de ses camarades de la Comédie-Française. Néanmoins, il est dans la troupe un pôle d’attraction et suscite une création dramatique importante par le nombre si elle n’a pas qualitativement soutenu l’épreuve du temps. Il a étudié en Angleterre et dans la langue originale, le drame shakespearien et en a soutenu l’adaptation en français, toute édulcorée qu’elle fût par Ducis. Il a été Macbeth, Othello, Hamlet, parfois devant un public scandalisé ou moqueur. Il a joué tous les grands rôles du répertoire tragique classique (Corneille, Racine et Voltaire). On sait qu'il fut un Oreste, un Néron et un Œdipe remarquables. Il a ému dans l'Oreste d'Iphigénie en Tauride de Guimond de la Touche et dans Manlius Capitolinus de La Fosse d'Aubigny.

Interprète des auteurs de l'époque révolutionnaire (Marie-Joseph Chénier, Collot d'Herbois, Fabre d’Églantine), il a créé les tragédies d'Arnault, Lemercier, Brifaut, Luce de Lancival (dont l'Hector fut le dernier spectacle auquel assista Napoléon avant Waterloo), Duval, Lebrun, Raynouard (l'auteur des Templiers), Ancelot, Jouy (Sylla), etc. Il réussit à traverser sans dommage la période difficile de la fin de l'Empire et de la Restauration, sa gloire n'étant pas affectée par les événements politiques, et continue à faire d'innombrables tournées en France et à l'étranger. Sa dernière création, en 1826, est Charles VI de La Ville de Mirmont.

Il meurt en octobre de la même année, d'un cancer des intestins. Ses obsèques, civiles selon sa demande, se terminent en véritable apothéose et suscitent un énorme rassemblement populaire. Des odes sont écrites à sa mémoire.
Il a laissé quelques notes sur son art, notamment une étude sur Le Kain, et une volumineuse correspondance. Il a été abondamment portraituré et sculpté, de son vivant comme après sa mort.

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